PCL: La pandémie COVID-19 démontre le déclin du capitalisme et que le socialisme est l’unique solution

  LCP Political Bureau
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Déclaration du Parti Communiste Libanais (PCL)

La prolifération généralisée du coronavirus a démontré que ces genres de virus ne sont pas uniquement le résultat de facteurs environnementaux ou liés à la santé, mais il s'agit d'une des manifestations du capitalisme. Le problème endémique mondial auquel le monde entier est confronté aujourd'hui réaffirme la nécessité du socialisme – non seulement comme école de pensée mais aussi comme système politique – ; un système qui priorise les besoins et les valeurs humaines avant les bénéfices et les gains. Au cours des dernières décennies, le monde a été témoin de nombreux soulèvements progressistes et révoltes anticapitalistes par lesquels les masses avaient explicitement exprimé leurs rêves d'un monde libre en exigeant premièrement la justice sociale. L'un de ces soulèvements est celui du 17 octobre en cours au Liban qui a balayé le pays il y a cinq mois.

Avant le déclenchement de COVID-19, le pays connaissait des conditions critiques résultant de la crise cyclique que le système politique produit toujours. Avec l'épidémie de coronavirus, ces conditions se sont accumulées et ont produit de multiples effets ; dont l'un est la récession mondiale attendue. Une telle situation, si elle n'est pas résolue, entraînerait une augmentation des niveaux de pauvreté et de chômage à un moment où de nombreuses entreprises ont cessé de verser des salaires à leurs travailleurs en raison de la fermeture des institutions des secteurs public et privé, ainsi que la quarantaine imposée par presque tous les pays touchés par COVID-19.

Dans ce contexte, les effets économiques résultant du coronavirus menacent gravement la vie de millions de personnes, en particulier les pauvres, les chômeurs, les travailleurs journaliers et différents segments de la classe ouvrière. Diverses élites politiques dans presque tous les pays qui ont connu l'épidémie de COVID-19 n'avaient pas auparavant répondu aux besoins de leur peuple ni garanti leurs droits essentiels. Au Liban, et à la lumière de la crise économique endémique à laquelle le pays est confronté, plusieurs entreprises ont réduit leur main-d'œuvre ou payé à leurs employés des demi-salaires et parfois moins. Les citoyens appartenant à la classe ouvrière, en particulier ceux qui sont retraités ou les petits épargnants, seraient confrontés à une couche supplémentaire de défis à la lumière des politiques du secteur bancaire qui limitent leurs plafonds de retrait en espèces et de l'instabilité de la valeur d'échange du dollar américain en livres libanaises (LBP).

L’épidémie de COVID-19 au Liban s’est accompagnée de mesures strictes que les banques imposent à la population libanaise avec le plein soutien des dirigeants politiques du pays. Les citoyens dont l'argent est déposé en devises étrangères n'ont désormais plus d'autre choix que de les transférer en livre libanaise et donc de perdre une partie substantielle de leur valeur; un processus qualifié par beaucoup de coupe de cheveux indirecte. Ces conditions menacent la vie du peuple libanais au moment des problèmes de santé qui pèsent sur son fardeau du fait de l'épidémie de COVID-19. On prévoit que de graves pertes économiques, éducatives et financières auront malheureusement lieu et, dans l’ensemble, poseraient des problèmes critiques au statut des salaires des enseignants, à l’efficacité des méthodes d’apprentissage en ligne et aux examens officiels. Notre parti considère que les salaires et traitements des enseignants sont de la plus haute importance et que le gouvernement devrait les payer quelles que soient les conditions actuelles que confronte le pays.

Sur la base de ce qui précède, le Parti communiste libanais (PCL) appelle le gouvernement à prendre des mesures sérieuses qui protègeraient la vie de son peuple, en particulier des pauvres et des marginalisés. Plus précisément, le PCL appelle à :

- Premièrement, le gouvernement devrait accorder une allocation mensuelle à chaque famille, en particulier aux travailleurs journaliers et aux citoyens qui sont employés dans des organisations qui ont cessé de payer leurs salaires. Cette mesure devrait être entreprise parallèlement au renforcement du filet de sécurité sociale, notamment par la fourniture d'une couverture sanitaire complète à tous les citoyens. Ce plan de santé pourrait être financé par les recettes d'une fiscalité progressive et nous voyons par la présente l'opportunité de défendre cette demande. Un tel plan pourrait être financé si le gouvernement taxait les grands déposants bancaires, en plus de la fiscalité imposée sur la richesse et les aides de l'oligarchie. Ces aristocrates avaient excessivement bénéficié des contacts noués avec le gouvernement et ses projets d'administration publique et de privatisation. L’oligarchie financière du pays a réalisé d’énormes profits grâce à des processus d’emprunt excessifs parrainés par les gouvernements suivants. Des millions de dollars générés par le levier financier (euro-obligations) doivent être réorientés pour soutenir les travailleurs qui ont perdu leur emploi dans la crise actuelle. Notre parti considère la situation actuelle que traverse le pays comme la plus grande opportunité de renverser la domination des élites oligarchiques et de réformer l'économie libanaise. La seule façon d'y parvenir est de procéder à une décote qui devrait cibler les grands déposants bancaires et cela peut à lui seul entraîner l'annulation de la dette publique. En conséquence, une grande partie de l'argent actuellement affecté au financement de la dette publique serait plutôt utilisée pour financer le coût des salaires et traitements de tous les travailleurs et assurer leur protection sociale.

- Deuxièmement, le PCL souligne le rôle central que le gouvernement devrait jouer dans ses efforts pour lutter contre le COVID-19. Dans ce contexte, le parti condamne les campagnes menées par les partis politiques sectaires visant à aider les citoyens car certaines d'entre elles sont utilisées pour renforcer les réseaux de favoritisme entre les dirigeants politiques et les masses. De tels efforts malgré leur importance à l'heure actuelle ne devraient pas être une excuse pour que l'État ne joue pas son rôle dans la fourniture de services sociaux. Au lieu de cela, l'État devrait jouer pleinement son rôle en termes de protection sociale plutôt que de dépendre uniquement des contributions privées. À la lumière de cette épidémie, l'État devrait consacrer toutes ses ressources et capacités à restituer les fonds publics pillés. Sur une note connexe, le PCL condamne les tentatives de certaines municipalités de transformer le COVID-19, d'un virus mondial dont les impacts atteignent le monde entier et nécessitent une solidarité internationale, en un événement qui intensifie les clivages sectaires et politiques parmi la population libanaise.

- Troisièmement, le gouvernement devrait permettre aux petits épargnants d'accéder à leurs comptes bancaires et d'en retirer tous les montants dont ils ont besoin et dans la devise de leur choix. Dans ce contexte, notre parti met en garde les autorités libanaises contre toute procédure visant à geler les dépôts, à les transférer ou à transférer leur valeur en livres libanaises. La pénurie de dollars ne doit pas mettre le fardeau des pauvres. En fait, la minorité de la population libanaise qui bénéficie de certains privilèges et de la richesse accumulée devrait maintenant contribuer à la restauration de l'économie et cela ne devrait pas être uniquement la responsabilité de la classe ouvrière. Les dépôts de la classe ouvrière, s’ils sont disponibles, contribueront certainement au bien-être social tandis que les dépôts de l’oligarchie financière sont toujours utilisés pour générer des profits sur les dépenses de l’effort des autres.

- Quatrièmement, notre parti condamne ce que les forces de sécurité ont fait hier soir quand elles ont utilisé le couvre-feu obligatoire comme prétexte pour enlever les tentes des manifestants dans le centre-ville de Beyrouth. Cette action est intervenue malgré le fait que tous les manifestants ont pris des mesures conformes aux réglementations gouvernementales en matière d’hygiène et de sécurité des personnes. Le PCL considère que le soulèvement du 17 octobre ne mourra jamais parce que ses partisans sont des citoyens actifs qui se sont opposés aux politiques gouvernementales. L’une de ces politiques a été la décision prise la semaine dernière par le pouvoir judiciaire de libérer Amer al Fakhoury, un collaborateur bien connu de l’ennemi israélien, chargé de battre les détenus d’Al Khiyam au Sud-Liban pendant son occupation. Notre parti réaffirme que ce que les Libanais ont défendu lors du soulèvement du 17 octobre, c'est qu'ils ne veulent plus gérer la corruption. Avec l'épidémie de COVID-19 au Liban, et ses conséquences potentielles à différents niveaux, sur la société et l'économie, on pourrait dire que ce virus épidémique mondial est venu prouver à tous les Libanais que leur soulèvement était un mouvement juste et légitime car leur politique système est basé sur la corruption, le népotisme et l'alignement sur les puissances étrangères.

Enfin, le Parti communiste libanais salue et reconnaît l’énorme effort des médecins, des infirmières et de tous les bénévoles des ONG. Il y aura un jour où les personnes qui sont en quarantaine aujourd'hui et souffrant d'une mobilité réduite mettront tout le capitalisme en quarantaine.

Le Parti communiste libanais

Politburo, 30 mars 2020

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